samedi 8 août 2020

J'ai lu pour vous : Ecriture mémoire d'un métier, de Stephen King. 1ère partie

Cet article n'est que le premier de plusieurs articles à propos de ce livre. Car un seul article est trop court pour résumer tous les conseils d'écriture que comporte Ecriture, mémoire d'un métier.
Ce livre de Stephen King est à la fois une autobiographie et un manuel d'écriture. Il est composé de trois parties. La première et la troisième sont des biographie de Stephen King.

C'est la deuxième partie qui m'intéresse, la partie "conseils d'écriture", et dont j'ai très envie de vous parler. Une partie "manuel d'écriture" bien utile pour des auteurs-trices comme vous, toujours volontaires pour progresser.
Stephen King dit que pour écrire, comme tout bon artisan-auteur, il faut une boite à outils. Dans l'étage supérieur de la boite, il y a les outils les plus près de la main, les plus souvent utilisés: vocabulaire, phrases actives, et adverbes.

Le vocabulaire
Dans le haut de la caisse à outils, King met le vocabulaire. Il conseille d'éviter les mots compliqués, trop savants, trop érudits. Il conseille d'utiliser les mots que nous utilisons dans la vie courante.
Ne réfléchissez pas trop, utilisez le premier mot qui vous vient à l'esprit pour décrire une action, une chose, une personne... C'est souvent le meilleur mot, le plus simple, le plus évident. Ne cherchez pas un mot plus compliqué. Vous pouvez aussi utiliser le langage oral, les interjections: "Hé ! Ho ! Pigé!"
Ne vous tracassez pas pour le vocabulaire, dit Stephen King. Si vous lisez régulièrement, vous acquiérerez le vocabulaire nécessaire pour écrire.

La grammaire
Beaucoup d'auteurs en formation ont des difficultés avec la grammaire. La grammaire s'apprend par la lecture et la conversation. A l'école, on a souvent mal appris la grammaire. Mais il suffit de rappeler ses vieux souvenirs pour utiliser la grammaire facilement.
En règle générale: respectez la grammaire, c'est important. La grammaire est un code de la route que tout le monde connait et comprend. C'est un code connu entre l'auteur (qui émet un message) et le lecteur (qui reçoit le message).
Mais parfois, faites -si vous en avez envie- des phrases incomplètes, bizarres, originales, poétiques. Vous avez le droit de jouer avec les mots de la phrase, de jouer avec la grammaire. Alors utilisez ce droit. Sortir tout le temps des clous, non, le lecteur ne comprendrait plus le sens de vos écrits. Sortir un peu des clous, oui, parfois. Tant que le lecteur vous comprend et aime ce que vous écrivez!
La phrase la plus simple, c'est un nom commun (ou un nom propre) + un verbe. ex: Les rochers explosent. Jane transmet. Les montagnes flottent.
La grammaire semble ennuyeuse, mais ne l'est pas. C'est un bâton sur lequel appuyer nos pensées, nos idées. Grâce à la grammaire, notre pensée peut s'exprimer clairement et être comprise par le lecteur.
en résumé: vous connaissez la grammaire, ok, mais prenez parfois des libertés, osez une phrase étrange, qui vous plait, innovez, créez. La créativité, c'est connaitre ce qu'il y a dans les limites, mais aussi parfois sortir des limites pour faire différent, nouveau.
ex personnel qui sort du livre: Pef, l'auteur des Motordus aurait-il créé ces mots étranges et rigolos s'il respectait tout-à-fait l'orthographe et la grammaire? Non, il sort des clous pour inventer les Belles Lisses Poires (Belles Histoires) du Prince de Motordu. "4+4 = huitres" "une bataille de poules de neige" "une partie de tartes"...

Phrases actives / passives
Si vous hésitez, préférez presque toujours la voix active à que la voix passive. King pense que la voix passive est utilisée par les auteurs timides qui craignent de ne pas être pris au sérieux. C'est la voix de l'élégance, de la politesse, de l'administration, du droit.
Mais pour la fiction, la voix active est préférable, elle a plus d'impact. Vous n'êtes pas dans la politesse et les ronds de jambes quand vous animez vos personnages. Avec la voix active, votre héros-ïne, agit, il est dans l'action, le sujet de la phrase est acteur.
Exception : Le corps fut transporté depuis la cuisine et déposé sur un sofa. Le cadavre est passif, évidemment, donc dans ce cas, la voix passive est intéressante. Mais King préfère quand même la forme active : Freddy et Myrna transportèrent le corps dans le salon et l'installèrent sur le sofa.

Stephen King vous aura prévenu : "l'adverbe n'est pas un ami"
L'adverbe est ce mot qui termine souvent en -ment. Il précise le sens de vos verbes, adjectifs ou autres adverbes.
On utilise l'adverbe quand on a peur de ne pas avoir été clair. On le rajoute derrière un verbe, adjectif ou adverbe, parce qu'on craint que le lecteur ne nous comprenne pas. Donc on utilise un adverbe pour préciser notre intention.
Exemple: Il referma brutalement la porte. Le mot Brutalement précise la façon dont "il" a refermé la porte. Mais King nous dit que c'est le contexte qui devrait montrer la violence de votre personnage. Autrement dit, dans les phrases précédentes, montrez au lecteur que ce "Il" est énervé, furieux, en colère et pourquoi. Supprimez ce brutalement. Et comme ça, quand la phrase Il referma la porte arrive, le lecteur comprendra que le geste est brutal. Ou écrivez : Il claqua la porte.
Pour vous souvenir de la nocivité des adverbes, souvenez-vous de la métaphore de Stephen King : "les adverbes, c'est comme les pissenlits. Un pissenlit / un adverbe, c'est joli dans une pelouse / un texte. Mais s'il y en a trop, ça ne va plus"
Seule exception: si l'adverbe accompagne un verbe déclaratif. Vous savez, ce verbe à la fin d'un dialogue: le "dit-il", "dit-elle", "dit Bill", "dit Monica". Mais King conseille là encore d'utiliser l'adverbe le moins souvent possible.

donc en résumé, ce qu'il faut retenir de ce passage du livre:
utilisez un vocabulaire spontané, quotidien, courant. Ne cherchez pas un vocabulaire sophistiqué ou savant. Respectez la grammaire pour que vos lecteurs vous comprennent, mais soyez parfois libre des règles de grammaire. Utilisez la phrase active, les actes de vos personnages auront plus d'impact. Mettez le moins possible d'adverbes.

Important: conseil que je n'ai jamais lu nulle part et que j'aurais vraiment aimé lire, c'est pour ça que je vous le donne : avant d'appliquer un conseil d'écriture, réfléchissez et vérifiez si ce conseil s'applique vraiment au genre dans lequel vous écrivez (thriller, fantasy, romance, aventure, humour...). Car ce n'est peut-être pas le cas. Certains conseils valent pour tous les genres, d'autres conseils ne valent que pour un genre en particulier.
Pas clair? Un peu abstrait, donc exemple: il y a quelques mois je lis que pour faire un bon titre, il faut que ce titre suggère du mystère, pour donner envie au lecteur de tourner la couverture et de plonger dedans. J'avais pour titre de mon roman 7-10 ans: Les Robogo et les voleurs du musée. Je change donc pour Disparitions au musée. Il donne interroge le lecteur qui se demande : mais que sont donc ces disparitions mystérieusement mystérieuses au musée? Ouh la la ! Je veux savoir, je vais lire ce livre. Mais pas de bol pour moi! Le conseil vaut pour un roman adulte unique, mais l'article ne le précise pas. Donc je reviens au titre initial qui était très bon: Les Robogo et les voleurs du musée. Car pour mon roman Robogo 7-10 ans d'aventure, humour, de super-héros qui espère plus tard devenir une série, un bon titre est: Mon héros et le monstre du lac, Mon héros et le diamant de la forêt magique, Mon héros et le temple englouti, etc... Comme quoi...
Donc tout conseil d'écriture ne s'applique pas forcément dans votre cas. Réfléchissez avant de l'utiliser, lisez d'autres conseils, testez, comparez... Le temps met aussi une lumière, un recul sur des erreurs dans nos textes, alors qu'on était persuadé quand on l'a écrit que l'idée était excellente.

Ce que j'ai aimé dans ce livre : les conseils, bien sûr. C'est aussi un texte vivant, entre écrit et oral. Du coup, j'ai l' impression de boire un café avec Stephen King, et qu'il me parle directement de son expérience d'écrivain. Et c'est très sympa! Et j'aime aussi parce que je sens sa façon de parler, et je vois le cheminement de sa pensée.

Ce que j'ai moins aimé : la traduction est parfois difficile à comprendre. Et toute qualité a son défaut,  toute médaille a son revers: suivre la pensée de S King, comme la pensée de tout le monde, c'est parfois se perdre un peu en route: une anecdote par-ci, il change de sujet ensuite, puis il revient à l'idée du début. Mais quand même, j'ai bien aimé ce livre.

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